1 avril 2019
La femme derrière l’Académie des arts Trouve ta voie
Cette année, pour la région des Laurentides, c’est Joëlle Doré-Hébert qui se voit décerner le Prix Claude-Masson des Prix Hommage Bénévolat-Québec. Le RABQ a donc également voulu souligner l’implication incroyable de celle qui a fondé l’Académie des arts Trouve ta voie.
Joëlle Doré-Hébert a toujours fait du bénévolat, déjà adolescente elle était impliquée partout, notamment avec les Scouts. Chanteuse de métier, elle participait souvent à des spectacles bénévolement et amassait de l’argent pour des causes comme Opération Enfants Soleil.
Mais un voyage à la Düşler Akademisi (Dream Academy) d’Istanbul en Turquie allait changer le cours de sa vie en 2013. Un contrat professionnel ayant été annulé, Joëlle se retrouvait à vouloir combler son temps. En moins de trois semaines, elle était donc à Istanbul grâce à l’organisme Chantier Jeunesse. Inspirée par son expérience, elle a choisi de fonder Trouve ta voie, une académie pour les petits et grands, de 5 à 100 ans, débutants ou non, ayant une déficience intellectuelle, physique, un trouble du spectre de l’autisme ou un déficit de l’attention avec hyperactivité. À travers le chant, la danse, le théâtre, les percussions, le karaté, le cirque, le dessin, la peinture, la photographie et la cuisine, ces personnes évoluent et s’accomplissent comme jamais.
« Au début, j’avoue que je ne savais pas dans quoi je m’embarquais. Mais j’avais tellement aimé la Dream Academy. J’avais une expérience musicale, mais pas de bagage en intervention. Par contre, j’avais plusieurs amis qui en avaient, j’avais des ressources autour de moi qui ont embarqué dans le projet. Je n’ai pas fait d’étude de marché, j’ignorais jusqu’à quel point ça pouvait fonctionner. J’ai un peu été dépassée devant l’ampleur que cela a prise au début, je n’étais pas prête. Ça a grandi bien plus vite que je ne l’imaginais. Après deux ans, on avait déjà 50 élèves et aujourd’hui j’en ai plus de 100. Plein de bénévoles ont embarqué aussi. Les gens y ont cru autant que moi et on continu d’y croire encore », confie Joëlle Doré-Hébert.
Un beau succès qui se traduit par des gens épanouis. Notre lauréate ajoute qu’il est beau de voir à quel point ses élèves ont une meilleure estime d’eux-mêmes, qu’ils s’accomplissent, qu’il se crée de réelles amitiés. « Ici on les accepte comme ils sont. La différence fait peur à bien des gens, c’est normal, c’est de l’inconnu. Souvent les gens ne savent pas comment agir avec eux. Parfois, je dis à un bénévole qui n’a pas d’expérience d’être seulement lui-même et de leur parler comme il me parlerait. On ne doit pas les infantiliser. Ils ne veulent pas être traités différemment. »
Pleinement épanouie au sein de son Académie, jamais Joëlle n’a pensé abandonner, malgré les embûches, mais surtout face au succès fulgurant auquel elle n’était pas préparée. Mais son entourage l’a beaucoup aidée. Elle a appris tous les rouages de gestion d’un organisme, elle a suivi une formation et aujourd’hui elle s’en félicite. « Je dirais que c’est même un peu égoïste tout cela car ça m’apporte tellement. Je m’accomplis autant qu’eux là-dedans. J’ai appris sur moi, comme sur eux, car je ne côtoyais pas des personnes avec une déficience. J’ai réalisé qu’ils étaient tellement reconnaissants. Avant, j’ai eu le groupe de musique V-Motion avec quelques élèves au régulier, mais je m’étais rendue compte que parfois je voulais plus qu’eux. Alors qu’ici, c’est eux qui m’en demandent toujours plus, ils veulent tellement apprendre et je peux donc les pousser à aller plus loin. Ici, ce ne sont pas les idées qui manquent, ce qui peut nous freiner c’est le financement. Mais on trouve des moyens, on développe notre créativité. Et voir ces personnes se développer, avancer, ça me touche énormément, ça me donne de l’énergie pour continuer. »
Maintenant, un de ses rêves, serait de faire un spectacle conjoint avec la Düşler Akademisi (Dream Academy) d’Istanbul avec qui elle a gardé contact. On leur souhaite!